Un peu d'histoire et de sémantique !


DULCIMERS et DICTIONNAIRES : MEFIEZ-VOUS des FAUX-AMIS !
dolcimer Lorsque vous faites défiler les sons "presets" d'un synthétiseur, vous tombez parfois sur un son nommé "Dulcimer".

Bizarrement, il ne ressemble jamais au vrai son du Dulcimer que l'on aime.

Et lorsque vous cherchez "Dulcimer" dans un dictionnaire, vous ne trouvez rien (!)... ou, au mieux, une définition du genre : "psaltérion à marteaux" (ce qui laisse rêveur !)...

Parfois on y trouve le dessin d'un instrument trapézoïdal mesurant 1 m x 60 cm, en moyenne, muni de petites baguettes destinées à frapper les dizaines de cordes qui colonisent l'engin.

Enfin, très rarement, la définition évoque à la fois cet instrument trapézoïdal et notre instrument chéri, alors appelé parfois "Appalachian Dulcimer".


Bref, c'est le foutoir !


Tout ceci appelle donc quelques explications et mises au point définitives !





LA FAMILLE ET LES COUSINS...


Le Dulcimer
fait partie d'une famille d'instruments d'origine Celte que l'on peut qualifier de "Cornemuses à cordes grattées".

En effet, ils associent, comme les Cornemuses à vent, des bourdons réalisant un accord d'accompagnement et une partie souvent diatonique (ici la chanterelle) réservée à la mélodie.
 
Une autre famille de "Cornemuses à cordes" plus évoluées, parfois chromatiques, mais à cordes frottées, est représentées par les Vielles à roues (mais ceci est une autres histoire).

Avant d'être repoussées par les invasions vers les pointes ouest de l'Europe, les Celtes occupaient un vaste territoire recouvrant, entre autre, la France, les Îles Britanniques, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Belgique, etc... et entretenaient de nombreux échanges avec les pays du nord de l'Europe.

Dans tous ces territoires historiquement celtiques on retrouve des instruments de musique de type "Cornemuses à cordes grattées", tous cousins du Dulcimer :


* L'Épinette des Vosges :

Sorte de petit Dulcimer rectangulaire, avec 3 à 5 bourdons réalisant un accord d'accompagnement plus riche que celui du Dulcimer.
Ceci oblige à tripler la chanterelle, corde la plus aiguë qui fait la mélodie, pour mieux l'entendre.

L'Epinette des Vosges n'a jamais de frettes sous ses bourdons.


Quelques épinettes des Vosges

Il existe aussi des Epinettes des Vosges, plus rares, en forme de gros Dulcimers massifs, épais, larges et "bedonnants".


 * Le Dulcimer

Accordé le plus souvent en Ré / La / Ré-Ré, avec ses deux chanterelles aigues, accolées, accordées à l'unisson et deux bordons séparés, plus graves, accordés à la quinte.


* Le Scheitholt Allemand

Très proche cousin du Dulcimer dit "des Appalaches" et accordé de la même manière (2 chanterelles et 2 bourdons séparés, à la quinte), c'est quasiment un Dulcimer rustique "carré" dit aussi "Block-viol", comme on en voyait jadis au Kentucky.
Les plus vieux avaient leurs frettes (en fait des agrafes de fil de fer) directement clouées sur la table
d'harmonie (comme le faisait mon père dans les années 40 en centre-Bretagne). Par habitude et facilité, mes "ancêtres" disposaient les frettes sous la totalité des cordes (comme sur le Scheitholt sur la  photo ci-dessus).
Les vrais Scheitholt, eux, comme les premiers Dulcimers, n'avaient de frettes que sous les chanterelles.

Certains Américains disent d'ailleurs que le Montain Dulcimer des Appalaches sous sa forme actuelle proviendrait de la rencontre du Scheitolt des migrants allemands avec les habitudes musicales "celtes" des Irlandais et Ecossais des colonies voisines, pour qui l'intrument semblait familier (à tel point que les luthiers "historiques" du Dulcimer américains sont tous, exclusivement, originaires des îles britaniques).

D'autres pensent que ces cornemuses à cordes, diatoniques et à bourdons sont tellement imprégnées dans l'inconscient des populations historiquement celtes que laisser trois cordes, quelques outils et quelques planches de bois à un gamin Breton, Allemand, Hongrois, Vosgien... ou Irlandais des Appalaches... a toujours probablement de grandes chances de l'amener à réaliser un instrument semblable !


* Le Langeleik de Norvège


* Le Humle (ou hummel) de Scandinavie :

La présence de cousins du dulcimer dans les pays nordiques ne surprend pas quand on connait l’histoire de leurs peuples commerçants, explorateurs ou guerriers, depuis l’antiquité et notamment celle des Vickings.

Présents en Allemagne, Irlande, France, Angleterre... et même Russie (mais ils n’y a pas d’instruments de type dulcimers en Ukraine ou Russie), ceux-ci furent installés durablement en Bretagne par le roi Breton Erispoë, qui les utilisa dans son combat contre les Francs, avant que bien plus tard leurs relations ne se gâtent.

C’est ainsi même que le nom de famille de ma propre mère (bretonne de souche) vient d’un mot proto-scandinave signifiant “renard” !

Le Humle est esthétiquement très proche de l'Epinette des Vosges, avec sa touche sur le côté (d'ailleurs l'Epinette belge s'appelle aussi "Hommel" en pays flammand), mais il en existe néanmoins de très vieux dotés d'une touche centrale.

On constate donc que les noms
de ces "Dulcimers" rustiques, nordiques, flammands et allemands correspondent parfois plus à une origine géographique (et donc linguistique) des instruments qu'à des caractéristiques de lutheries bien codifiées et différenciées.


* L'Épinette Hongroise
(dite "Citera") :



Très joli instrument dont les formes évoquent un peu le Dulcimer. Il possède une dizaine de bourdons regroupés en 2 ou 3 accords parfaits.

Les Citeras récentes possèdent souvent deux chanterelles, à deux ou trois cordes, parallèles avec des barrettes (frettes) disposées en quinconce pour pouvoir faire des dièses.
citera citera


* La Cithare Autrichienne :


A ne pas confondre avec le Sitar Indien (autre faux-ami) qui fait "dzoing" et a beaucoup plu à Georges Harrisson mais n'a rien à voir avec notre propos.


La Cithare Autrichienne (celle qui fait la bande originale du film 
"le Troisième Homme") possède un grand nombre de bourdons permettant de faire bien plus de trois accords d'accompagnement.
On dirait presque une petite Harpe jouée à plat.
cithare
Les Cithares les plus évoluées possèdent jusqu'à 6 cordes chanterelles différentes regroupées au dessus d'une touche évoquant un petit manche de guitare, collée sur un côté de la table d'harmonie. On peut y jouer toutes les mélodies y compris chromatiques.


Tous ces cousins celtes et nordiques (Le Hommel flammand, la Bûche des Flandres, l’Epinette Wallone, etc... ) se jouent à plat sur les genoux ou une table et ont en commun des cordes bourdons, des frettes (ou barrettes) sous les chanterelles chargées de jouer la mélodie et l'absence de manche proprement dit, puisque leur touche est collée directement sur la caisse de résonance.


Par certains côtés, le plus rustique d'entre eux (c'est à dire celui qui a le moins de cordes) est notre Dulcimer.


Il est également purement diatonique (sauf récents bricolages américains).




En revanche, c'est le seul qui possède des frettes sous toutes les cordes, y compris les 2 bourdons, permettant un jeu certes moins ample mais beaucoup plus inventif.





UN PEU D'ÉTYMOLOGIE


Le peu d'ampleur sonore de l'instrument est une des causes de ses diverses errances linguistiques.


Je m'explique :

Le Dulcimer est un instrument Celte de la façade Ouest de l'Europe, c'est à dire la Bretagne Armoricaine, la Cornouaille Anglaise et le Pays de Galles qui, par delà les mers, ne formaient jadis qu'un seul pays, assemblage de royaumes amis ou rivaux partageant la même culture, la même langue parlée, les mêmes croyances et les mêmes légendes.
C'est-à-dire, aussi, le Nord et l'Ouest de la France et peut-être jadis l'Irlande.

Son nom "Celte" semble avoir disparu.

Rapidement le seul nom en usage pour le désigner a été le vieux Français "DOULCEMELLE" ("Douce Mélodie", en rapport avec son volume sonore modeste).

Les Anglo-saxons adoptèrent phonétiquement ce mot et l'écrivirent "DULCIMER" (ce qui en Anglais ne veut rien dire), confirmant ainsi l'origine Celtique continentale, notamment Française et Bretonne, de l'instrument.

Ce même mécanisme existe d'ailleurs avec le mot français "Tonnelle", qui devint "Tunnel" en Angleterre et revint en France, nanti d'un pedigree anglo-saxon bien immérité !





LA SURVIVANCE BRETONNE
dulcimer
Vers la fin du XVIIème siècle, notre Dulcimer tomba en désuétude, à l'inverse de la Cithare Autrichienne qui se perfectionna au fil du temps.

Il disparu quasiment d'Europe sauf en Centre-Bretagne, où une tradition en ayant oublié jusqu'au nom, apprenait à en construire à l'enfant qui deviendrait mon père.

Avant guerre, celui-ci apprit de son grand-père, qui l'avait lui même appris du sien... à construire un jouet de gosses qui n'intéressait pas les grands.
Personne dans ce coin perdu de Centre-Bretagne, où on ne parlait que Breton et pas Français, ni encore moins Anglais, n'avait vu d'Américain de sa vie... et personne ne savait qu'un "jouet" semblable existait là-bas.
Personne ne savait non plus qu'on y appelait ça un Dulcimer !

Pourtant mon arrière-grand-père savait faire un truc "marrant" :
Il prenait une planche d'un bois sec et résonnant et y plantait un clou recourbé à chaque bout (sillet et chevalet !).

Ensuite
, à l'aide d'une cheville de bois plantée d'un côté, comme pour un violon, il y tendait un fil d'acier (le mieux était de "dépiauter" un cable de frein de vélo, un peu ondulé mais efficace) jusqu'à ce que ça fasse une belle note. Puis, d'instinct, il en mettait deux autres plus graves, accordées comme une cornemuse (à la quinte donc, mais ça il ne le savait pas).
Puis il montrait au gamin comment entourer la planche, en passant sous les cordes, avec un gros fil de fer (ou de cuivre) qu'ils déplaçaient jusqu'à ce que ça fasse l'octave. Ils torsadaient ensuite le fil de fer à la pince, pour le serrer et qu'il tienne en place, mordant même un peu dans les bords de la planche.
Puis, à l'oreille, ils en rajoutaient d'autres pour faire la gamme (ils ne disaient pas "faire la gamme", mais plus tard ceux qui savaient parler Français disaient "faut que ça fasse do-ré-mi-fa-sol-la-si-do, gratte moi la puce que j'ai dans l'dos !").


Ainsi ils pouvaient jouer dessus des mélodies traditionnelles simples.
Et pendant ce temps là le gamin ne faisait pas de bêtises !...
Enfin, comme les 2 bourdons faisaient plus de bruit que la chanterelle, ils en rajoutaient toujours une deuxième juste à côté pour qu'on l'entende !!!

Et ils faisaient... un Dulcimer !

Par la suite, mon paternel pour faire plus joli donnait une forme de caisse de violon un peu allongé à son jouet, avant d'y monter ses "frettes"...

Ainsi, jadis, en centre-Bretagne, certaines personnes s'amusaient d'instinct (instinct celte ?... le même que celui qui leur fait aimer la cornemuse ?...) à fabriquer des dulcimers rustiques...
Sans savoir que ça avait un nom quelconque et que ça existait ailleurs.

Pourtant ces instruments n'intéressaient pas grand-monde et étaient assez peu connus.
Cela s'explique par le fait que dans ces sociétés rurales et travailleuses, à part l'orgue à la messe, les occasions d'écouter de la musique étaient rares. C'était essentiellement lors des mariages. Et pour sonoriser et faire danser 200 personnes, seuls le biniou et la bombarde (puis plus tard l'accordéon) régnaient en maîtres exclusifs. On n'allait pas sortir un bricolage de gosse au niveau sonore modeste pour animer la noce !

C'est pourquoi le Dulcimer reste méconnu du grand public en Bretagne et, comme pour beaucoup d'instruments "paysans", je ne suis pas sûr qu'il en existe beaucoup d'iconographies anciennes
.
D'ailleurs, il n'existe pas non plus d'iconographie des harpes celtiques bretonnes et, avant qu'Alan Stivell et son père n'y fassent renaître les harpes celtiques et bardiques, personne ne pouvait dire en avoir vu une et aucun livre n'en parlait !
Pourtant le mot "harpe" existe bien en breton (telenn) et bien fou serait celui qui irait contester Stivell à ce propos !...

dulcimers

Notons quand même que, dans l'ouvrage "Les noms de familles bretons" d'Albert Deshaye (éd. Skol Vreizh), l'existence de joueurs d'instruments de type Cithare en Bretagne est attestée par la survivance actuelle des patronymes : Citharel, Cithorel ou Citoler, défini comme "joueur de Citole", possible ancien nom breton du Dulcimer.

Et que, par ailleurs, le Docteur en Musicologie Xavier Fresquet, dans sa thèse sur “Les cithares sur table médiévales, leurs modes de jeux et leurs dénominations”, soutenue à Paris IV-Sorbonne, aborde “un instrument employé en dehors du Comté de Bourgogne, la Doulcemelle.”

Il y écrit :
“Cette terminologie, bien qu’elle aussi connaisse un certain nombre de variantes orthographiques apparaît le plus souvent en Bretagne, à Paris et jusqu’en Lorraine.
Dans son Histoire de Bretagne, Arthur de la Borderie cite l’instrument en deux occasions. Tout d’abord dans une liste de personnes et d’instrumentistes : « Une longue série d’officiers, depuis le grand chambellan jusqu’aux menestrells, trompettes, physiciens, échansons, joueurs de doulcemer, chantres de nuit, queulx, chevaucheurs d’écurie, etc. » (in Borderie 1906 :418) ; ensuite il nomme un instrumentiste, « le joueur de doulcemer, Henri Guiot » (ibid. :384).

De même, d’autres noms d’instrumentistes (Robinet le Françoys, Jehan Carrier) apparaissent dans les livres de comptes de la cour à Paris (in Heyde 1970 : 160-161).
Par ailleurs, en 1506, René II de Lorraine, lors d’un séjour à Verdun a également payé un « joueur de doulce-mer » (in Jacquot 1886 :28).
Ces exemples montrent ici l’existence et la pratique de la doulcemelle dans le royaume de France au XVe et au XVIe siècles.
L’instrument y apparaît dans diverses circonstances musicales, en groupe ou seul lors d’occasions profanes.”



(Bon, on fait une pause !... Vous pouvez fumer !!...)




L'EPOPEE AMERICAINE


Finalement notre instrument ne dut sa survie qu'aux migrants européens de souche essentiellement rurale (majoritairement anglophones mais aussi germanophones et francophones) qui l'emportèrent aux Amériques avec eux. Il s'y développa donc principalement dans les montagnes Appalaches aux zones "frontières" entre les colonies allemandes, gardant le souvenir de leurs scheitholts traditionnels, et les colonies irlandaises et écossaises qui recréèrent et popularisèrent l'instrument.

Selon leurs goûts et sans doute leur habileté manuelle, ils réalisèrent alors des Dulcimers de formes rectangulaires ou triangulaires (évoquant l'épinette des Vosges) ou en forme de poire allongée (dite "teardrop") ou de caisse de violon étirée (dite "hourglass).

Jusqu'au jour où un luthier itinérant du Kentucky, J. Edwards Thomas, décida de construire en nombre, d'améliorer sans doute et de vendre dans les campagnes la forme en "violon étiré", qui devint un standard dans les montagnes Appalaches où l'on en joue encore.

Les Américains de ces Appalaches US (et dans une moindre mesure Québecquoises) sauvèrent donc le Dulcimer de l'oubli et lui offrirent  un enracinement culturel et social toujours vivace qu'il faut reconnaître et saluer ici.
D'où les noms de "Appalachian Dulcimer" ou "Mountain Dulcimer" que l'on retrouve parfois et la croyance chez certains que le Dulcimer est un instrument "Américain".


Vinrent les années 1970 et la vague musicale dite "Folk-Rock".

La naissance d'une musique électrique jeune et populaire, basée sur des racines musicales traditionnelles européennes plutôt que des gimmicks Rock n' Roll, amena les Bretons, Anglais, Français et Irlandais à redécouvrir leurs Harpes Celtiques, leurs Cornemuses, etc... et leurs Dulcimers.

Mais tout ceci n'explique pas l'existence de ce son bizarre dans les synthétiseurs.

Tout ceci n'explique pas cette définition "trapézoïdale" du Dulcimer dans les dictionnaires.
Ni cette histoire de faux-amis !?!
dulcimer electrique
dulcimer electrique noir, cristian huet Mais si vous voulez vraiment connaître le pourquoi de tout cela, il va falloir être en forme !

Parce qu'on va replonger dans l'histoire et la géographie...




Alors ?...  




Ok...




Voici donc...





LA SAGA DU FAUX-AMIS ANGLAIS !


Il était une fois... En Iran (en Perse devrait-on dire !), il y a fort longtemps, un instrument bizarre, trapézoïdal, avec de nombreuses cordes doublées ou triplées et nommé "Santour".


Joué à plat devant soi, avec de petites baguettes rebondissant sur les cordes comme des marteaux, il a survécu jusqu'à nos jours.
Il n'a pas de bourdons.
Jamais !!!

Ni de touches avec des frettes.

Son son s'apparente à un clavecin sur lequel tomberaient des balles de ping-pong !
santour
Cet instrument ample, sonore et harmoniquement riche, migra vers l'ouest et changea de nom au fur et à mesure du temps. Il s'appelle notamment Tympanon et Cymbalum en Europe centrale et Hackbrett dans les pays germanophones.
Il migra également vers le sud de la méditérrannéeoù il prit le nom de "Kanoun", mot d'origine grecque qui donna chez nous le mot "canon", dans le sens de "canons de la beauté".

Sous les noms de khim santouri et Yang Qin, on le retrouve également en Chine qui, par la route de la soie, possédait d’importants liens avec la Perse (Nasradin, grand maître historique du Yunan, toujours vénéré par la population Hui musulmane chinoise, était un général perse musulman sunite appelé jadis en renfort avec ses troupes par l’empereur de Chine).
Certains chinois pensent d’ailleurs que l’origine de l’instrument se trouve chez eux...

En France, on reprit le nom de Cymbalum.
Et on lui attribua aussi, à tort, le nom de "Psaltérion à marteaux" à cause de sa ressemblance avec le Psaltérion, instrument à cordes, triangulaire, joué avec un archet au moyen-âge.

Encore un faux-amis.

Quoique... (couac ?)
Pour être honnête, il faut avouer que certains attribuent au mot "Psaltérion" une origine Grecque, d'étymologie commune avec le mot "Santour", et considèrent le Psaltérion médiéval à archet comme un bricolage de Troubadour.

Un peu comme si la guitare Électrique de Jimmy Page jouée à l'archet, sur scène avec Led Zeppelin, était devenue un succès populaire écrasant.

La généralisation de cette manière de jouer aurait obligatoirement induit des modifications de lutherie en conséquence.

Mais on s'éloigne !... Revenons à nos moutons !...


Quoiqu'il en soit, le succès français du Cymbalum fut modeste et fugace.


En passant la Manche et la mer d'Irlande, le Cymbalum reçût un meilleur accueil.
psaltérion
Les Anglophones donnèrent alors, à cet instrument à cordes doublées, sans manche et joué à plat devant soi, le nom de "Hammer Dulcimer" (Hammer = marteau).

Puis ils en jouèrent aussi sans les petits marteaux, avec des onglets sur les doigts, comme en Irlande (ou en Egypte).

Et ils oublièrent "Hammer" !!!

Tout s'explique !

Et c'est le son de cet instrument (en fait un Santour iranien) que l'on retrouve dans les presets de synthétiseurs.

Tout s'explique !!  (Again !!)

Et c'est sa description que l'on retrouve parfois dans les dictionnaires.

Tout s'explique vraiment ! (vous voyez, vous avez bien fait de tenir le coup jusque là !)





RÉSUMONS NOUS


En clair, la majorité des Américains (mais pas tous, comme a tenu à me le faire noter un jour l'un d'entre eux par mail) croit avoir inventé le Dulcimer... et c'est faux !

Et les Anglo-saxons appellent Dulcimer un instrument qui n'en est pas un !!

Bref, on n'est pas aidé !!! ...

Enfin, le mot Dulcimer n'est que la transcription anglaise approximative, mais consacrée maintenant, d'un mot français décrivant un instrument Celte !!!!





LE CAS ÉPINETTE
Il découle de tout ceci que les érudits qui disent que le Dulcimer est l'ancêtre du Piano et du Clavecin sont très gentils mais se trompent.

C'est l'instrument trapézoïdal qu'on appelle donc, selon les lieux, Hammer-Dulcimer, Cymbalum ou Santour... qui en est l'ancêtre.


Néanmoins cette erreur est compréhensible car ancienne.

En effet, il était de bon ton, jadis en France, de nommer "Épinette" les tout premiers clavecins.
Ainsi que tout instrument sans manche, joué à plat devant soi et à cordes grattées avec un onglet ou avec un mécanisme actionnant des "épines" de plumes d'oies.

D'ailleurs Clavecin se dit toujours "Spinet" en langue Anglaise.





BON, ÇA COMMENCE A ÊTRE LONG MON GARÇON, FAUT CONCLURE !
En résumé, plus que les noms ballotés au gré des modes ou par mépris des élites pour les instruments populaires, seul compte l'origine Celte ou Orientale, pour distinguer le "Dulcimer" (le vrai) du "Hammer-Dulcimer" (notre faux-ami évoqué au début).

Ça va ?  Ça suit derrière ?

D'ailleurs le vrai Dulcimer serait plutôt l'ancêtre de la "Pedal-Steel Guitar" (à la rigueur !).
Cette "Pedal-Steel", proche de la guitare Hawaïenne, est un instrument quasi réservé à la musique Country Américaine, dont l'origine est le...


"Hill-billy" des... Appalaches !




Étonnant non ?


Voilà !... Le "cours" est terminé !
 
Grand merci de votre attention
,
bonne aspirine...

et à bientôt !
dolcimer

Tous les dulcimers électriques visibles sur cette page ont été conçus et réalisés par Cristian et photographiés par Bruno Giglio.

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